Origines myth(olog)iques du NOCEBO
(dont la logique førcíe n’échappera à
personne)
Une probable légende, remontant au dernier siècle
avant le millenium Y2k, raconte que le Calife Jax
qui ne cachait pas son admiration pour certains aspects de la culture
du Pays du Soleil Levant, s'y rendit en voyage officiel alors qu'il n'était
encore que Grand Vizir. Lors de l'invitation inéluctable, forcément
inéluctable et sublime aussi, à une représentation de théâtre (qui
là-bas se dit Nô) intitulée « Nos Nœuds Serrés »,
et à laquelle il ne put se soustraire, il avait pour voisine la plus
belle, la plus cultivée, la plus délicieuse des actrices de l'époque
(une sorte de geisha en mieux, une quasi-Adjani). Les dirigeants de ce
pays aux traditions excessivement raffinées, qui avaient pressenti le
fabuleux destin de Jax,
ne voulaient rien lui refuser (pour des raisons classées secret
défense,
niveau "cosmic" au moins) et ils avaient réussi à
persuader la demoiselle de sacrifier une soirée, sinon une nuit. À
l'époque, celle-ci n'avait rien de commun, ou presque, avec ce
quasi-paysan encore un peu frustre, quoique sorti de l'ENÂ (ce qui peut être
une explication malgré tout), qui préfèrait flatter le flanc des
belles (et des) bêtes de sa main connaisseuse aux foires du comice
agricole de sa très chère province.
Au moment critique de la pièce, quand l'acteur-héros
en larmes va se sacrifier pour sauver son peuple, Jax,
apparemment saisi par l'émotion, se penche vers sa voisine en
murmurant « Nô, c'est beau ».
Malheureusement, le Calife Jax,
qui est un homme bien latéralisé d'habitude, a tendance à confondre
sa droite et sa gauche dans les instants critiques (ce qui lui
d'ailleurs permis de remporter des jack-pots assez inattendus à la
roulette russe plébiscitaire). Il s'est penché du mauvais côté, du
côté du garde du corps, qui pour la circonstance était le plus
grand athlète de Sumo de ce temps-là. Celui-ci imperturbé donna délicatement
une petite tape amicale sur la cuisse de son voisin pour le réveiller
de ses égarements. Seulement, ces champions aux cheveux lisses, sinon
gominés [que certain vizir ambitieux de l'époque et petit de
taille
n'hésitait pas à mépriser, de loin...] ne connaissent pas leur
force tranquille. Un petit « yé cric » suivi d'un
grand « yé crac » s'ensuivit : fracture du fémur.
Évidemment, il fallu déguiser l'incident : accident de voiture sur
chaussée verglacée.
Le temps de la convalescence du Grand Calife Jax,
l'actrice aux yeux bridés se dévoua encore pour tenir son premier
grand rôle d'infirmière et "chauffeuse" d'ambulance dans
une pièce improvisée aux actes multiples. Elle lui enseigna aussi
les rudiments puis les sophistications de la cérémonie du thé-thé
(procédure secrète réservée aux grands initiés). Aujourd'hui,
entre deux peintures sur soie et, une fois par an, un séjour
ensoleillé sur les plages de l'Océan Indien, cette Pénélope des
temps modernes, consentante sacrifiée à la raison d'État, écrit
ses mémoires sur l'apprentissage de la culture orientale par cet élève
assurément doué, bien qu'un peu lent parfois, mais toujours fougueux
et partant pour n'importe où dans l'instant pourvu qu'un peu d'avoine
en farine soit rajouté à son muesli. Certains disent même que cette
idylle fut productrice et qu'un fils secret naquit (secret défense
catégorie "nuit de Chine"). Cette enjolivure est très
probablement un mythe rajouté à la légende-culte. Et puis, de toute
façon, cela ne nous regarde pas...
Pour résumer, l'expression « [le théâtre]
Nô, c'est beau », contracté en « nocebo »
se dit quand, alors que l'on s'attend à une douceur consolatrice
sinon guérisseuse, on reçoit une claque, un coup de baton-tonfa ou
un tir de flash-ball. D'où l'expression actuelle, entendue une fois
dans les banlieues et jamais oubliée depuis, à l'adresse des forces
de l'ordre équipées des-dits flash-balls par le vizir sus-cité du
temps où il était l'enfermé de l'Intérieur, et à qui il arrivait
de perdre les pédales (nul n'est parfait) : « T'es nocebo ou
quoi, toi ? »
Par extension et par dérive, "nocebo"
désigne aujourd'hui les vrais-faux-démagos, les rivaux forcenés
prêts à tout, ou presque, pour mettre la main sur le magot, et même
les
acomiques sociaux : « Tu as vu ce drôle de coco qui
s'affiche sur la couverture de Persepolis-Match avec la meuf aux beaux
lolos qu'il a piquée à l'autre zozo, quel nocebo ! »
mais
qui portait des talonnettes, ce qui expliquait son surnom utilisé
par le service des Voyages Officiels, et qui lui allait absolument
comme un gant : Vizirette.
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